1 JUIN 2013
Divers - Le cinéma, un enfer pour les animaux acteurs
Chaque année, de nouveaux scandales de maltraitance commise sur des animaux ternissent l’image du 7ème art. Pourtant, des organismes, à l’instar de la Fondation 30 Millions d’Amis, proposent de veiller au bon déroulement des tournages... non sans difficultés. Explications.
Près de trente animaux, dont des chevaux, des moutons, des oies et des poulets, auraient péri. Ces serait le triste bilan du tournage du film « Bilbo Le Hobbit » du réalisateur Peter Jackson, - auteur de la trilogie « Le Seigneur des anneaux » - projeté dans les salles françaises depuis le 12 décembre 2012. Les animaux seraient morts du fait de maladies mal soignées ou à cause de chutes accidentelles selon les premiers éléments communiqués par l’association américaine Peta*. Elle dénonce des conditions de vie et de détention des animaux en totale opposition avec leurs besoins les plus élémentaires. Pourtant, le film a reçu un certificat attestant qu’aucun animal n’avait été maltraité durant le tournage, délivré par l’American Humane Association, un organisme de protection animale réputé outre-Atlantique.
Contrôles en amont et en aval
Or ce n’est pas la première fois que sont pointées les faiblesses de ce certificat [intitulé en anglais No Animals Were Harmed, littéralement : aucun animal n’a souffert, NDLR]. En mai 2011, avec le film « De l’eau pour les éléphants », également estampillé de ce label, éclatait le scandale de Tai, un pachyderme utilisé pour les besoins du film et régulièrement battu par ses dresseurs. Mais comme l’avait reconnu l'American Humane Association, les contrôles étaient seulement intervenus sur le tournage, et non sur les lieux de vie des animaux.
«Les contrôles sont les seuls moyens de vérifier que les animaux sont protégés.
Reha Hutin
Or pour être réellement efficaces, les contrôles doivent s’exercer partout, y compris dans les lieux dans lesquels les animaux sont élevés, mais également lors de leur transport, et après le tournage. Des conditions respectées par le Visa Fondation 30 Millions d'Amis, décerné régulièrement à des films français à l’issue d’un contrôle approfondi. « Au-delà d’un simple contrôle, les vétérinaires mandatés par la Fondation 30 Millions d’Amis apportent leur expertise et leurs conseils sur les prises du vues, dans toutes les infrastructures prévues pour les animaux et chez les dresseurs, explique Reha Hutin, Présidente de la Fondation. Ces contrôles sont les seuls moyens de vérifier que les comédiens à poils et à plumes sont protégés ».
Producteurs français plus frileux
Malheureusement, les organismes de protection animale ne disposent d’aucun pouvoir contraignant pour obliger les producteurs à assurer des conditions acceptables aux animaux qu’ils utilisent. Encore faut-il que les producteurs et réalisateurs acceptent les visites de ces observateurs, les professionnels du cinéma pouvant tout à fait les refuser... ou se contenter de faire la sourde oreille. L’équipe du film « Jappeloup », qui revient sur l’histoire d’un cheval doté de qualités exceptionnelles et dont la sortie est prévue début 2013, n’a pas répondu aux différentes demandes de la Fondation 30 Millions d’Amis. Une déception pour Reha Hutin, qui insiste sur le fait qu’il faille avant tout « instaurer un véritable travail d’équipe avec les dresseurs et les réalisateurs ».
Un mutisme que la Présidente de la Fondation - et par ailleurs productrice de l’émission animalière éponyme - déplore : « Les producteurs français sont plus frileux que leurs homologues américains qui, en dépit d’un système de contrôle perfectible, ont compris que les visas attestant du bien-être des animaux utilisés pouvaient être un vrai plus aux yeux du public. Au public français, toujours très sensible à ces questions, de savoir se montrer exigeant en la matière ». Mais pour Reha Hutin, il faut désormais aller au-delà de ces considérations : « Les actes de cruauté commis envers les animaux perdureront tant que notre Code civil les définiront comme des biens-meuble, et non comme des êtres sensibles ». En l’absence d’un véritable statut juridique, il est difficile aujourd’hui de demander des comptes au cinéma français.
Sur ce thème, Reha Hutin sera l’invitée de l’émission Grand Public, le jeudi 13 décembre à partir de 22h30 sur France 2.
En savoir plus sur le Visa Fondation 30 Millions d'Amis
Signez la pétition pour un véritable statut juridique
*People for the Ethical Treatment of Animals
Photo : © Fondation 30 Millions d'Amis