Est-ce que le consommateur est pour autant à l'abri des fraudes ? En 2007, aux Etats-Unis, les industriels de l'aliment pour animaux se sont retrouvés face à une crise majeure : des céréales importées de Chine se comportaient comme de la mélamine, une substance chimique dopant artificiellement le taux de protéines. Un violent poison aussi, occasionnant la mort probable de plusieurs milliers d'animaux domestiques. A la suite de quoi l'industrie a dû rappeler les lots contaminés et affronter dans la foulée une action de classe au plan judiciaire. Bien sûr, les fabricants se disent avoir été victimes de leurs fournisseurs chinois. Mais ont-ils mené correctement les contrôles à l'importation ? La question reste posée. Car ce n'est pas la première fois que le secteur agroalimentaire se retrouve impliqué dans des scandales, et pas toujours à son corps défendant. Sans parler de certaines pratiques qui donnent la nausée :

chenils expérimentaux, vivisection afin de valider l'efficacité des formules alimentaires, tests cruels sur animaux effectués dans d'autres activités de groupe... La plupart des firmes impliquées dans l'alimentation animale sont ainsi montrées du doigt par les associations de défense des animaux peta et uncaged, dont certaines, comme procter & gamble, sont sur leur liste noire. De quoi provoquer un sérieux malaise et la suspicion chez les consommateurs. Une suspicion qui éclabousse le monde vétérinaire, l'immense majorité des praticiens étant aussi prescripteurs et vendeurs de croquettes, généralement en toute bonne foi. Et pour cause ! Dès leur arrivée à l'université, les étudiants vétérinaires goûtent aux largesses des firmes, aux petits soins pour eux. " Elles parrainent des événements extrascolaires, fournissent des polycopiés et des livres, nous font bénéficier de promotions sur les croquettes pour nos

animaux de compagnie... Evidemment qu'elles nous bichonnent : nous sommes leurs futurs clients ", expliquent deux étudiantes en deuxième année à maisons-alfort. Une alliance parfaitement assumée jusque dans les hautes sphères du corps universitaire. A la chaire d'alimentation, le pr dominique grandjean est transparent sur ses liens avec royal canin. Son confrère bernard -marie paragon entretient aussi des contacts professionnels avec des producteurs. Des vendus aux marchands de croquettes ? " Ne me faites pas dire ce que je n'ai jamais dit. Le top du top reste l'alimentation ménagère, à condition de fournir une nourriture parfaitement équilibrée à l'animal. " Autrement dit, un chien peut bien manger comme ses maîtres et se régaler des restes. " Seulement cette alimentation est complexe à mettre en place, poursuit-il.